Expédition sur la muraille de Chine
Jiankou, Chine – du lundi 23 au mardi 24 mai
Une fois de plus, on s’est senti tout petits en Chine. Mais cette fois c’était très différent. En décidant de partir pour ces 2 jours de randonnée sur la Grande Muraille de Chine, nous nous étions déjà fait quelques idées de ce que nous allions voir : une sorte de grand chemin en pierre qui serpente à parte de vue. Mais maintenant que ces 2 jours sont terminés, nous en savons beaucoup plus et ne pourrons plus la regarder de la même façon !
La muraille de Chine c’est bien sûr un mur de 6450km, interrompu seulement par quelques portes. Elle protégeait la Chine, pays de fermiers pas très bien armés, contre les Mongols et autres envahisseurs barbares. Sa construction s’est étalée sur des générations et le dernier pan de mur est tout de même agé de plus de 500 ans. Au fur et à mesure, on ajouta même des boucles et des branches pour la renforcer.
Mais revenons à ces 2 jours hors du temps. Nous n’avons parcouru que 0.0025% de muraille, soit 17km. Mais nous en garderons tout de même un souvenir impérissable.
L’aventure commence par périple de 2h en bus depuis Pékin pour rejoindre un petit village où nous avons mangé un repas succulent dans un restaurant en coopérative. Les plats n’en finissaient plus d’arriver et occupaient bientôt tout le plateau central de la table. De la viande, des crevettes, des légumes épicés ou non, des galettes qui ressemblaient à des naans… le tout accompagné d’eau chaude. Il y avait même des marrons, et le guide parût surpris d’apprendre que nous avions la même chose chez nous. Un vrai délice pour les 5 couples que nous étions et les 3 accompagnateurs : deux guides et un cuisinier. Il fallait bien cela pour prendre des forces et commencer l’heure de marche en montée raide pour atteindre la muraille. Nous arrivons au pied d’une tour partiellement en ruine, passons par une petite porte d’accès et montons des escaliers à moitié éboulés. Nous savions que nous allions découvrir la muraille d’une façon différente, mais nous sommes restés surpris un moment : déjà, il n’y a personne, pas un touriste en vue. Ca fait du bien au bout de deux semaines dans un pays surpeuplé. Mais plus étonnant encore : la muraille est a l’état sauvage. Le chemin est loin d’être plat et bien lisse, et la végétation a envahi le rempart : nous slalomons entre les arbustes et parfois les arbres ! Nous avons l’impression de marcher à travers une forêt de 5m de large, avec simplement deux vieux murets de part et d’autre. Mais en regardant plus loin, on se rend vite compte que nous sommes sur une construction qui suit les crêtes des montagnes à perte de vue. Parfois la muraille disparait derrière une vallée et réapparait sur une montagne plus haute au loin. Et inlassablement les tours de guet se succèdent, aussi loin que le regard porte. C’est à ce moment là que nous nous rendons compte que nous parcourons un morceau d’Histoire et une preuve de la détermination des hommes à maîtriser leur environnement. La muraille semble franchir les passages montagneux les plus compliqués sans s’encombrer de détours, quitte à grimper presque verticalement par moments.
Le ciel est bleu et au loin nous apercevons Pékin, surtout reconnaissable au nuage gris-jaunâtre qui flotte au dessus. Selon le guide, l’horizon est pourtant exceptionnellement clair et le temps dégagé comme rarement !
Après trois heures de marche (et quelques passages d’escalade), nous nous arrêterons dans une tour de guet, qui sera notre étape pour la nuit. Nous mangeons une galette – un peu sucrée ou salée suivant la bouchée – confectionnée par la voisine du cuisinier, avec du thé pour nous réchauffer et nous requinquer. Nous grimpons sur le toit de la tour et y passons un très long moment pour apprécier le calme et la beauté du paysage ! Pendant ce temps, nos guides mettent en placent les tentes dans la tour. Ce ne sera pas un somme à la belle étoile. Il semblerait que le vent va souffler cette nuit, être à l’abri est donc important ! La nuit tombe vite et notre cuisinier allume un feu et commence à préparer le repas. Le guide nous raconte ses histoires de voyages et nous savourons ce bon repas (très copieux) à la seule lumière du feu. Certains ont apporté du whisky et discutent en regardant les lumières de Pékin au loin mais tout le monde est fatigué. Le vent se lève et quand nous allons nous coucher, même à couvert, nous sommes assaillis par le vent qui fait bouger notre tente de gauche à droite, nous pousse de partout. Heureusement nous avions prévu les boules quiès ! Notre nuit est finalement assez paisible et nous nous réveillons pour aller admirer le lever du soleil sur la muraille, seuls au monde. Quel spectacle !! Nous sommes en Chine, hypnotisés devant la nature et cette merveille ! Quelle chance !
Les autres ne se réveilleront pas avant presque une heure car ils ont très mal dormi à cause du vent. Une tente s’est presque envolée, et d’autres moins bien orientées que la notre ont reçu beaucoup de pluie pendant la nuit.
Le café est servi, et c’est reparti. Nous quittons la muraille pour rejoindre un village, y prendre le petit-déjeuner, et repartir sur une autre section de la muraille à quelques kilomètres.
Une heure de grimpe, puis une petite échelle de bois nous permette de remonter sur la muraille, de profiter d’un magnifique point de vue et de jauger ce qui nous attend. Cette section est clairement plus sportive que la veille : une partie du Mur monte à flanc de montagne presque à la verticale avant de redescendre de manière assez abrupte. C’est là que nous allons. Heureusement aujourd’hui nous ne transportons plus notre tente et notre matériel. Ici, nous ne sommes plus complètement seuls : nous croisons quelques groupes de randonneurs occidentaux.
C’est donc parti pour une nouvelle aventure. La montée est dure, nous apprécions le travail réalisé à l’époque (mais aussi le manque de préparation du tracé avant sa construction — pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué). La vue tout en haut est magnifique, mais la descente qui nous attend est assez effrayante. Mais un pas après l’autre, en assurant nos appuis et en se cramponnant aux murets, nous finissons par redescendre. C’était effrayant mais au final amusant et plaisant d’y arriver !!
Nous reprenons la marche et, presque sans prévenir arrivons sur une partie rénovée du Mur. Celle-ci n’a absolument rien à voir avec la muraille des deux derniers jours : des pierres bien droites et bien alignées. Les remparts sont bien dessinés et tiennent bien debout en entier. Il y a des vraies marches d’escalier. Forcément, c’est plus facile, mais la muraille perd de son charme et de son authenticité. Les randonneurs laissent la place aux touristes, qui arrivent su parking en prenant le téléphérique un peu plus loin. De notre coté, nous redescendons par un petit sentier et disons au revoir à cette magnifique muraille. Nous parlons de cette expérience toute la descente puis chassons la mélancolie grâce à un bon repas au même premier restaurant.
Quelle aventure ! Nous avons adoré être sur cette muraille et en profiter durant 2 jours. Waouh ! Peut-être un jour pourrons-nous revenir et découvrir un autre tronçons. Notre imagination prend maintenant le relais le temps du retour vers Pekin !
Merci ChinaHiking pour cette magnifique expérience!