Le tour en Europe de l’Est - Prague
Prague, République Tchèque – mercredi 22 avril 2009
Mardi 21 Avril
Nous arrivons donc à Prague vers 21 heures, après 4h30 de trajet. Sauf que nous n'arrivons pas à la gare principale mais à Prague Holesovice, une espèce de gare de banlieue située dans une zone industrielle, bien glauque comme il faut.
En descendant du quai, une mamie à l'air louche nous demande "Accomodation ?" (avec la voix de Dracula qui aurait mangé une sorcière). Ça met tout de suite dans l'ambiance. Nous n'avons pas d'argent Tchèque, et il n'y a pas de distributeur dans les environs. Heureusement, un guichet de métro est ouvert, et un employé nous vend deux tickets en euros (qu'il a sans doute dû mettre dans sa poche, mais bon ;) Nous prenons le métro et nous dirigeons vers le centre ville, où se situe l'auberge.
Mais Prague est un vrai labyrinthe, et notre plan imprimé sur Google nous joue des tours. On a finalement réussi à trouver le Prague Square Hostel après 15 minutes d'errances dans les rues à 22h. La ville à l'air jolie, mais nous n'avons pas vraiment l'envie de nos attarder pour ce soir.
Nous sommes logés dans un dortoir pour 4 personnes, mais nous ne sommes que tous les 2. Nous prenons nos aises, mais un jeune mexicain sympa arrive un peu plus tard. Tant pis pour la tranquillité ! Mais nous sommes tellement fatigués que nous nous endormons rapidement.
Mercredi 22 Avril
Le petit déjeuner est offert, mais ça nous change de celui de la veille au Ritz Carlton ! Le buffet est composé de 2 saladiers de corn flakes, du lait, du jus d'orange, et un mini sandwich jambon-fromage-mayo-crudités-cornichon par personne (ça fait bizarre avec les corn flakes). Nous avalons le tout et partons pour la gare, afin de réserver nos billets de train. Le guichet est plutôt rustique et la préposée modérément aimable, mais nous finissons par obtenir nos billets Prague - Cracovie et Cracovie - Budapest, pour un montant dérisoire. Nous reprenons le métro et partons visiter le château de Prague.
Le château est situé sur une colline, et la station de métro est judicieusement placée... à son pied ! C'est donc parti pour une ascension assez longue, mais qui nous offre de superbes vues sur la ville. En dessous de nous s'étalent de nombreux toits rouges, des façades colorées, des petites ruelles, la rivière Vltava qui coupe la ville en deux et des dizaines de clochers qui dépassent. On peut aussi voir un parc sur une colline où trône une réplique en plus petit de la Tour Eiffel.
La ville nous paraissait relativement calme en cette belle matinée, mais on a dû changer notre opinion en entrant dans le château. La cour de la citadelle est pleine à craquer de groupes de touristes, aussi bruyants que nombreux. Il y a une queue d'au moins 1h pour entrer dans la cathédrale St Vitus, un des monuments phares de la ville. Tant pis, nous reviendrons plus tard. Nous traversons le château et sortons de l'autre coté. Nous descendons quelques marches, et là, comme par magie, la ville redevient calme.
Nous pouvons enfin découvrir ce qui fait la réputation de Prague : des petites rues tortueuses avec de vieux bâtiments aux façades souvent extravagantes. Mala Strana, ("le petit quartier"), situé au pied du château, est vraiment digne des cartes postales. Nous déambulons dans les rues et finissons par rejoindre le pont Karluv Most, qui rejoint Stare Mesto, la vieille ville.
Karluv Most (le pont Charles) est l'un des principaux monuments de Prague. C'est un des premiers à avoir été construit dans la capitale, il a été orné au fil des siècles de nombreuses statues des saints-patrons tchèques, et il est le théâtre d'au moins une demi-douzaine de légendes et d'anecdotes. Mais maintenant, il est aussi rempli de touristes, de caricaturistes et autres vendeurs de souvenirs ambulants. Ce n'est peut-être pas très pittoresque, mais au moins les vues vers la ville et vers le château sont magnifiques. Nous revenons enfin vers la vieille ville, en nous arrêtant au passage pour manger une salade dans un petit resto.
Puis direction le cœur de la ville et la place centrale. Celle ci est très grande et nous propose un panorama architectural assez intéressant. On y trouve des bâtiments de tous les styles et de toutes les couleurs, allant du Moyen Age au style Art Nouveau. La place est également renommée pour son horloge astronomique, qui sonne toutes les heures avec une petite animation d'automates, mais aussi pour ses deux églises. De nombreuses calèches attendent les touristes, qui sont d'ailleurs très nombreux (comme dans toute la ville, finalement). Nous nous arrêtons un moment pour admirer le décor, et visitons une église.
Le temps commence à se couvrir, mais ce n'est pas grave car nous avons déjà eu un bon aperçu de Prague sous le soleil. Nous décidons alors de faire un tour dans le quartier juif, au nord de la vieille ville. Après un rapide aperçu (et un cornet de glace chacun), nous décidons d'y revenir plus tard pour le visiter plus en détail. En attendant, direction le château, en espérant qu'il y aura moins de monde. Mais cette fois ci, nous y allons en tram pour éviter la côte ;)
Et c'est effectivement le cas. L'enceinte, qui était bondée à 10h du matin, est maintenant quasi déserte. Nous pouvons entrer dans la cathédrale St Vitus directement. Celle-ci est immense et superbe, très décorée, avec de nombreux tombeaux des rois et dignitaires du pays. En ressortant, nous en profitons pour visiter la basilique St Georges, une belle église romane, assez petite et très sobre, qui tranche nettement avec St Vitus. Nous passons aussi par la Ruelle d'Or, une charmante petite rue bordée de maisons minuscules et très colorées, qui abritaient auparavant les gardes du château. Après une brève visite d'une tour présentant des instruments de torture et des anciens cachots, nous redescendons vers la vieille ville, sans nous lasser de cette vue sur les toits rouges et les maisons colorées.
Il est maintenant l'heure de rentrer à l'auberge, juste à temps avant la pluie. Nous retrouvons notre mexicain et discutons un peu avec lui, avant de descendre à la pizzeria située juste en dessous. Entre temps, la pluie s'arrête, et nous en profitons pour nous faire un petit Prague by Night. Les monuments sont très bien éclairés et les vues de nuit rivalisent avec celles de jour. Nous passons voir le château depuis la rive, le Pont Charles toujours bondé de touristes, et revenons au centre ville pour admirer les églises et la tour de l'horloge illuminées. Nous rentrons enfin, faisons un petit tour sur le net, et allons nous coucher. La journée a été intense mais nous en avons bien profité.
Jeudi 23 Avril
C'est notre deuxième et dernière journée à Prague. nous faisons nos sacs et prenons notre petit déj. corn fakes / sandwich.
Mika a repéré des posters assez marrants dans l'auberge, qui détournent des affiches de propagande soviétique. Elles viennent d'un certain "musée du communsime" situé non loin d'ici, mais ne figurant sur aucun guide touristique. Nous décidons d'aller y faire un tour quand même, ne serait-ce que pour voir la boutique. Arrivés là bas, le musée a l'air intéressant et nous décidons de le visiter. C'était une bonne idée. L'exposition est très bien faite et nous apprenons beaucoup sur la vie au temps des soviétiques. Tous les aspects de la vie courante sont couverts, et de nombreux outils de propagande sont affichés: affiches, bustes, articles de journaux... On trouve aussi des nombreuses informations sur le Printemps de Prague, la Révolution de Velours, et d'autres épisodes assez récents de l'histoire Tchèque. C'était très intéressant, mais nous y avons passé beaucoup de temps, et le reste de la journée s'annonce chargé.
Nous ressortons et prenons un sandwich vite fait, puis retournons vers le quartier juif. Il s'étend sur plusieurs pâtés de maisons et comporte 5 ou 6 synagogues, dont la plupart ont été reconverties en musée ou en mémorial. L'une d'entre elles abrite notamment les noms de plus de 40 000 victimes tchèques de l'holocauste. Tous les murs en sont recouverts, c'est assez émouvant. Il y a également un petit musée des traditions religieuses juives (pas très facile à comprendre pour nous autres non-juifs). Mais le plus impressionnant est le fameux Vieux Cimetière, qui compte plus de 12 000 tombes dans un espace de quelques centaines de mètres carrés. Pendant 600 ans, c'était le seul endroit ou la communauté pouvait enterrer ses morts. Alors, par manque de place, les sépultures ont été placées en différentes couches, les unes au dessus des autres, et les pierres tombales ont été laissées à la surface.
Nous terminons la visite et repartons dans le sud de la ville. Après un petit tour du quartier, nous décidons de partir à la recherche d'un supermarché, afin d'acheter notre repas du soir. Ce fut plus facile à dire qu'a faire, et nous avons dû marcher facilement 30 minutes pour tomber sur le Tesco tant convoité.
Bonne nouvelle : la nourriture n'est vraiment pas chère, dès qu'on sort du centre ville et des boutiques à touristes. Par contre, le magasin est surpeuplé de mamies tchèques hargneuses, prêtes à pousser et écraser à coup de caddie tous ceux qui leur barrent le passage. Nous sommes restés à peine 20 minutes dans le supermarché, mais l'expérience fût intense.
Il commence à faire assez froid, alors nous décidons de revenir vers la place centrale et de s'assoir à une terrasse, près des parasols chauffants. Nous restons là quelques temps, en tout cas assez pour voir deux couples de mariés sortir de l'hôtel de ville juste en face, sous les applaudissements de milliers de touristes qui attendaient que l'horloge astronomique se mette à sonner. Nous nous décidons finalement à nous remettre en route.
Question : comment meubler les 2 heures restantes, alors que nous sommes fatigués après 2 jours de marche incessante à travers Prague ? C'est Mika qui trouve la solution : nous prenons 2 tickets de métro, un plan des trams, et montons dans le premier qui passe devant nous. C'est parti pour une ballade un peu au pif ! Quand nous en avons assez, il suffit de changer de tram, et de continuer.
Mais l'heure approche, et nous revenons à l'auberge pour reprendre nos sacs. Nous y soufflons un peu, puis nous partons pour la gare et attendons le train de nuit.
Ayant lu quelques commentaires sur le net, nous nous attendions à quelque chose d'assez "rustique", mais en fait le terme exact était plutôt "soviétique".
Commençons par la locomotive qui amène le train en gare : c'est une espèce de vieille relique des années 60, sale, vétuste et rouillée. Ca s'annonce bien. Le train n'est pas mieux : les wagons sont tous dépareillés et leur état varie suivant leur pays d'origine : cela va de "pas trop mal" pour les wagons autrichiens, jusqu'à "carrément miteux" pour les voitures roumaines et ukrainiennes.
Nous montons dans un wagon tchèque, qui se rapproche finalement assez des roumains. L'intérieur est une authentique démonstration du savoir-faire soviétique des années 50, à base de formica, de velours marron et de cuir rouge. Les portes des compartiments se verrouillent avec une pauvre chaîne, l'éclairage n'éclaire quasiment rien, et bien sûr, il n'y a pas d'aération dans les compartiments. Les draps et les taies sont propres, mais les oreillers dans un état plutôt douteux. L'ensemble sent le vieux, au propre comme au figuré.
Mais le souci est que nous pensions avoir réservé une cabine pour deux personnes. Et le contrôleur, dans son anglais approximatif, nous a fait comprendre que "No no, train is full, you sit here", en nous désignant un compartiment pour 6 personnes. Bon, peut être que nous ne serons que deux là dedans.
Sauf que 3 minutes plus tard, un couple (un américain et une polonaise) vient nous rejoindre dans le compartiment. Le reste du wagon est totalement vide. Nous discutons un peu avec eux, ils sont dans le même cas que nous. Le temps passe et nous voyons passer 2 japonaises sur le quai, qui portent des sacs à dos plus gros qu'elles. Elles montent dans le wagon et, bien sûr, elles s'installent dans notre compartiment alors que le reste du train est toujours désert. Personne ne comprend ce qu'il se passe, à part peut-être la polonaise qui n'a pas l'air de trouver ça si anormal. Nous continuons à parler de tout et de rien, et notamment de la relation entre français et américains, quand soudain, nous comprenons.
Le train part dans 5 minutes, et un groupe de 40 jeunes de 15-20 ans apparaît sur le quai. Bien sûr, ils montent dans notre wagon, occupant toutes les autres couchettes. Bien sûr, ils crient, ils rigolent, ils courent, ils font les malins. Et bien sûr, ils n'ont visiblement pas l'intention de s'arrêter avant 1 ou 2 heures du matin.
Notre compagnon de galère américain nous a prévenu : il ronfle. C'est peu de le dire ! Et bien sûr, il n'eut aucune difficulté -lui- à s'endormir. Il a même réussi à réveiller les jeunes du compartiment voisin (qui ont répliqué en frappant contre la cloison tout en criant "stop snorting now !"). Vers 2h du matin, le wagon redevient calme et nous pouvons souffler. Célia réussit même à s'endormir. Sauf que le train a passé les 2heures suivantes en s'arrêtant et repartant toutes les 5 minutes. Et les deux heures d'après, il s'est mis cette fois à foncer à travers la Pologne, passant sur des voies ferrées dont je n'ose même pas imaginer l'état, au vu des secousses que nous avons subies.
Nous sommes finalement arrivés à Cracovie vers 6h15. Célia a du dormir 4h et moi à peine 1h30. Nous n'étions, vraiment, mais alors vraiment pas frais.
Bilan
Prague est vraiment l'une des plus belles villes d'Europe. Les bâtiments sont superbes et les monuments intéressants. La cité est petite et peut être parcourue à pieds : deux jours suffisent pour avoir un bel aperçu de la ville, c'est l'endroit rêvé pour une escapade culturelle d'un week end ! Revers de la médaille, Prague est envahie de touristes, de pizzerias et de magasins de babioles Made in China.
Après le verre et l'acier de Berlin, nous avons visité une ville radicalement différente, où tout est petit, mignon, biscornu et coloré. Nous avons beaucoup apprécié cette visite !