L'Ile Maurice, c'est pas des vacances!
Port Louis, Ile Maurice – jeudi 10 mars 2011
Une fois n'est pas coutume, je vais parler un peu boulot, parce qu'il faut vraiment que je fasse une liste de tout ce qui m'est arrivé à l'ile Maurice. C'est pour la postérité :)
Pour rappel, et pour ceux qui ne sont pas au courant, ma boîte a décidé d'ouvrir une filiale à l'ile Maurice, et d'y mettre dans un premier temps 2 informaticiens (sous ma responsabilité) et 1 agent de réservation.
Nous nous sommes donc retrouvés à deux reprises, mon boss et moi, à l'ile Maurice, pour nous charger du recrutement et de la mise en place des locaux.
Premier voyage (dim 29 jan → ven 4 févr)
Arrivée à l'aéroport : je dois passer 15 min avec l'agent de l'immigration, qui me pose 25 questions sur le motif de ma visite (j'avais marqué "business" sur la fiche d'immigration). Nom de la compagnie, but de la visite, durée du séjour… ok. Puis après, apprenant que je vais mener des entretiens pour recruter des informaticiens, il continue : date des entretiens de recrutement, domaine d'activité de l'entreprise, poste… j'ai fini par comprendre : à la fin il tamponne mon passeport, m'explique qu'il a un neveu informaticien, et me demande mon numéro de téléphone. Ça y est, ça commence.
Le contrôle d'après, c'est la santé. Comme j'arrivais de Thaïlande et qu'ils sont assez susceptibles avec le paludisme, j'ai eu droit à un interrogatoire complet sur mon séjour. J'ai cru que j'allais devoir passer la visite médicale.
Enfin sorti de l'aéroport. Le planning de la journée s'annonce sympa : visite d'un hôtel et petit tour dans l'ile. Sauf qu'il pleut, qu'il fait 31°C et que l'humidité est partout. On visitera l'hôtel, mais pas l'ile, il fait trop moche.
Et finalement, le temps restera le même toute la semaine. A peine quelques rayons de soleil de temps en temps, mais rien à voir ce que je me serais imaginé. Par contre, coté température et humidité, ça oui. C'est un peu comme si on passait une semaine dans un sauna, avec la pluie en plus.
Bien sur, je passe toute la journée en costume avec un chemise à manches longue. J'avais failli oublier les longues minutes de souffrance quand on devait traverser la ville à pied.
Parlons en, de la ville : Port Louis, la capitale. En fait, on pourrait y tourner des films de zombies. C'est moche, vieux, il n'y a pas de trottoir mais des caniveaux de 50cm de profondeur à la place. Ça roule n'importe comment. Et le soir, c'est simple, il n'y a plus personne dans les rues. C'est une ville de business, personne n'y vit, le soir c'est aussi mort qu'à la défense, avec les rats en cadeau.
Ah oui, parlons-en, des bestioles. Dans ma chambre, j'ai trouvé :
- le premier matin, en me réveillant, un insecte indéterminé, mort, sur mon lit (un genre de grillon)
- le 3e matin, un énorme cafard (7cm facile) en train d'agoniser dans un coin, mangé par les fourmis. Le soir, plus de fourmis, et plus grand chose du cafard non plus.
- le dernier soir, un grand classique pour finir en beauté : la bonne vieille araignée de 10cm qui campe au dessus du lit. Heureusement, ma chaussure ne l'a pas raté. Si elle s'était enfuie, je n'aurais pas fermé l'œil de la nuit.
Pas grand chose à dire sur l'appartement par contre, il était plutôt cool, à part les insectes, la clim qui marchait pas au début, la télé indienne et les pannes d'électricité. Il y avait même une piscine, que j'ai pas eu le temps de tester. Et il y avait la plage à 300m, que je n'ai pas pu voir non plus.
Eh oui, car avec tout ça, on faisait 3h de transports par jour (c'est pas parce que c'est une île qu'il n'y a pas d'embouteillages). Lever à 6h15 du matin, retour à l'appartement vers 20h. Et dire qu'on était qu'a 20km du travail…
Avec tout ça, pas le temps d'aller faire des courses. On a mangé des pâtes, des pizzas et du jambon tous les soirs. Ce fut un grand moment de gastronomie exotique.
Mais on a quand même pu manger au restaurant avec les locaux. Eux, ce qu'ils aiment bien, c'est la cuisine exotique. Exotique, à Maurice, ça signifie pizza, panini et salade. Ils sont marrants, les mauriciens.
Ils sont marrants, mais un peu bizarres. Un midi dans la rue, un mauricien m'accoste, m'appelle par un autre nom, pense que je suis un franco-mauricien et commence à me parler de musique et de skate. Apparemment, il me confond avec une rock star locale. Au début c'est marrant, mais au bout de 2 minutes, il me demande mon numéro de téléphone. Mais on me la fait pas à moi, je suis un parisien ! Hop, je le jette bien comme il faut. Ils sont marrants, les mauriciens.
(note à moi même : je savais pas que j'avais une tête de rock star. Je devrais tenter des castings.)
D'ailleurs, ce sont des gens très gentils, les mauriciens. Très gentils, mais vraiment pas efficaces. En vacances c'est sympa, c'est cool, c'est folklorique, mais au boulot, c'est franchement pénible de devoir toujours vérifier, rappeler, pousser, recadrer. Ça promet pour les embauches.
Quand on parle des embauches : le lundi matin, rendez vous avec le cabinet de recrutement. Je devais voir l'intégralité des candidats sélectionnés pour un poste. Sur 8 entretiens, j'aurai eu au total :
- 2 des 3 profils les plus intéressants qui se sont excusés (le cabinet ne nous a pas prévenu)
- 2 autres personnes qui ne sont pas venues et n'ont prévenu personne
- 1 qui ne savait même pas pourquoi il venait, il a sans doute vu de la lumière et est entré
- 2 profils potentiellement intéressants. On a fini par écarter le premier, et le 2e s'est désisté.
Et le lendemain, j'avais 3 profils pour le second poste. Zéro retenus.
On a donc fait 10.000km à deux pour ça. Autant dire qu'on est pas contents. Je vous passe les détails, mais tout au long de la semaine, on a tout fait pour trouver plus de candidats, faire jouer le réseau, mener d'autres entretiens, sans compter les urgences du travail et les autres tâches. Miraculeusement, on a finalement trouvé nos 2 employés, le vendredi après midi, 2h avant de reprendre l'avion.
Et concernant l'avion, pour finir :) Air Mauritius c'est sympa, mais quand on vient de Thaïlande avec Emirates, ça fait pâle figure. Disposition façon charter, écrans de télé de 10cm, 4 films disponibles qui passent à heure fixe (dont un Bollywood et un dont l'image sautait tout le temps). Le repas, c'était taboulé tout sec et petit déjeuner tout sec.
Fin du 1er round. On peut dire que ça a été rock n roll, mais finalement on a eu ce qu'on voulait ! Mais déjà, je sentais que l'histoire n'était pas terminée.
2e round : lun 7 mars → ven 19 mars
Je suis maintenant en plein 2e round, de retour à Port Louis depuis 3 jours. But du séjour : ouvrir la filiale et former les deux personnes.
Ah non pardon. Former LA personne. Entre temps, il faut préciser que l'un des deux profils s'est désisté. Bien sur, il a choisi de le faire 3 jours avant notre voyage, ça devait être plus marrant comme ça.
L'avion était comme au retour, avec en bonus les bébés qui pleurent toutes les 2h. Et avec en bonus du bonus, la maman qui, pour calmer son bébé, ne trouve rien de mieux à faire que de le promener dans tout l'avion, pour que tout le monde en profite. Sympa le voyage de nuit.
Mais cette fois, j'étais mieux préparé aux formalités d'entrée. Ça n'a pas été compliqué comme l'autre fois, non. Ça a juste été lent. Plus d'une heure.
Pour la météo, je pensais que j'avais déjà vu le pire en février. Erreur. Le pire, c'était lundi. Une vrai mousson, qui a durée toute la journée. Il a plu 250mm d'eau en 10h. Ça fait le tiers de ce qu'il pleut à Paris pendant toute l'année. Les routes étaient inondées, il y avait des embouteillages partout. Le chaos total.
Je finis par arriver au bureau, à Port Louis. On a loué un petit coin dans les locaux d'une société. Bien sur, personne ne m'attendait là bas, et rien n'était prêt pour notre venue. Finalement, ils nous ont installé au milieu d'un plateau de 50 employés de call center.
Ça doit être ça qui a fait fuir la 2e employée. Elle avait l'air motivée pourtant ! Elle est restée pendant toute une journée, et le lendemain matin, j'avais un email me remerciant pour mon temps et me souhaitant bonne chance dans mes recherches d'un remplaçant.
J'ai donc passé la journée tout seul, sur un bureau au milieu d'un open space de call center, avec 50 mauriciens qui ne savent pas pourquoi il y a ce bonhomme qui traine au milieux d'eux. J'ai travaillé sur du boulot que j'aurais mieux fait à Paris. Et c'est sans doute reparti pour un tour : CV, entretiens, pas de profils, prise de tête, négociation, re-CV, re-entretiens, désistements, re-pas-de-profil, re-prise-de-tête.
Et je sens que c'est pas fini. Il me reste 9 jours ici, et je sens que ça va être loooooooong….
Quand je vous dis qu'il fallait vraiment que j'écrive ça pour la postérité :)